UN NOËL ROYAL
Extrait
Camille
Extraits Un Noël royal
J’installe l’escabeau, monte dessus et commence à retirer la neige accumulée sur le toit. Une demi-heure plus tard, j’ai ôté tout ce que j’ai pu atteindre. Après avoir rangé le matériel dans l’abri, je rentre au chaud et me précipite vers la bouilloire pour me préparer du thé et réchauffer mes pauvres doigts gelés.
Quelqu’un frappe à ma fenêtre. J’identifie le visiteur sur-le-champ : c’est lui, Monsieur Marquis Belle Gueule, alias Louis-Philibert de Valois, héritier du duché d’Arrago et cousin éloigné du prince Théodore.
Les mains toujours engourdies, j’entrouvre la porte sans enlever la chaînette.
Le marquis s’avance.
— Bonjour. Êtes-vous Camille Mussey ?
— Qui la demande ?
— Je me nomme Louis de Valois. Je crois que les sbires de mon grand-père vous ont prévenue de ma visite.
Au lieu de confirmer, je questionne d’un ton aigre :
— Comment avoir l’assurance que vous êtes bien celui que vous prétendez être ?
— Hmm... Vous avez raison.
Il sort une carte d’identité de la poche intérieure de sa veste.
Je la lui prends des mains, lis le nom inscrit dessus, puis regarde tour à tour la photo et son visage si harmonieux. Ayant vu des dizaines de photos de lui sur Internet, je savais à quoi m’attendre. Je pensais m’être préparée, pourtant je peine à reprendre ma respiration. Aucun homme ne devrait être aussi sexy, surtout pas un aristocrate. Cela s’apparente à de la tricherie. Et j’ai horreur des tricheurs.
Mon souffle reste bloqué dans ma gorge face à cet homme. Il est grand, bien bâti, il a des yeux couleur noisette qui brillent d’intelligence, les pommettes hautes, un nez droit, des lèvres ciselées et une mâchoire carrée. Son visage est encadré par d’épais cheveux ondulés couleur de miel. Il est tout bonnement sublime. Quel sex-appeal ! Un peu plus et j’en conclu- rais qu’il s’agit d’un robot androïde représentant le prototype du mâle parfait.
Furieuse de la façon dont mon corps réagit face à ce type, je lui rends sa carte d’identité.
— Qu’attendez-vous de moi ?
— Préférez-vous la version longue ou la courte ?
— La version courte, s’il vous plaît.
Il jette un coup d’œil à sa montre de luxe en marmonnant : « C’est tout aussi bien », puis croise mon regard.
— Je veux vous épouser.
La seule réponse qui me vient est :
— Hein ?
Puis je suis prise d’un fou rire qui libère toute la tension nerveuse accumulée depuis des jours. Puis je m’es- suie les yeux et retrouve une respiration normale. Mon rythme cardiaque se calme, et j’arrive enfin à l’observer sans en avoir le souffle coupé.
J’injecte tout le sarcasme dont je suis capable dans mes paroles :
— J’adore être prise pour le dindon de la farce, Môssieur le Marquis.
Il proteste, mais je lève la main pour le faire taire.
— Voyez-vous, repris-je, la moitié de la principauté fait la queue depuis des années pour avoir l’honneur de me ridiculiser. Vous n’aurez pas droit à un traitement de faveur. Prenez un ticket et allez attendre en bout de file.
Il jette un coup d’œil par-dessus son épaule, et je découvre une voiture garée quelques mètres derrière lui. C’est une grande berline d’un noir immaculé avec des vitres teintées et autres détails luxueux, que je perçois du coin de l’œil. L’ensemble signale, d’une manière remarquablement efficace, que nous avons devant nous un bolide de qualité.
La personne qui occupe la place du conducteur baisse la vitre.
— Monsieur, si je puis me permettre, vous feriez mieux de reformuler votre demande.
La fenêtre du siège arrière s’abaisse, elle aussi.
— Rudolph a raison, monsieur, lance une jeune femme à l’air énergique. Il ne faut pas commencer par le mariage. Proposez-lui d’abord le deal, et expliquez-lui en quoi elle en tirera profit.
Louis se tourne vers moi.
— Toutes mes excuses, mademoiselle. Je suis censé être un diplomate chevronné, pourtant j’ai tout gâché. Puis-je recommencer et tout vous expliquer ?
— Pourquoi pas ? dis-je en soupirant. Peut-être que ça me fera rire de nouveau.
J’ouvre la porte et désigne l’unique chaise, celle à laquelle il manque des lattes.
Il me remercie d’un signe de tête et s’assied.
— Comme c’est gentil de votre part !
Imaginer l’effet que le trou entre les lattes fera à son petit cul calme mes dernières palpitations. Je suis tirée d’affaire. Malgré sa beauté, s’il me demande à nouveau en mariage ou s’il me drague, je lui balance un coup de poêle sur la caboche.
Il remue, croise les jambes avec une grimace.
Oh, pauvre petit !
Quand les agents du duc m’ont avertie que je recevrais la visite de cet éminent personnage, j’aurais dû bricoler mon unique chaise. Franchement, je n’ai aucune excuse puisque dans la remise il y a tous les outils qu’il faut. Il suffisait d’aller les chercher pour pouvoir enlever une latte supplémentaire, ce qui aurait permis de pincer les couilles de Sa Seigneurie.
J’installe l’escabeau, monte dessus et commence à retirer la neige accumulée sur le toit. Une demi-heure plus tard, j’ai ôté tout ce que j’ai pu atteindre. Après avoir rangé le matériel dans l’abri, je rentre au chaud et me précipite vers la bouilloire pour me préparer du thé et réchauffer mes pauvres doigts gelés.
Quelqu’un frappe à ma fenêtre. J’identifie le visiteur sur-le-champ : c’est lui, Monsieur Marquis Belle Gueule, alias Louis-Philibert de Valois, héritier du duché d’Arrago et cousin éloigné du prince Théodore.
Les mains toujours engourdies, j’entrouvre la porte sans enlever la chaînette.
Le marquis s’avance.
— Bonjour. Êtes-vous Camille Mussey ?
— Qui la demande ?
— Je me nomme Louis de Valois. Je crois que les sbires de mon grand-père vous ont prévenue de ma visite.
Au lieu de confirmer, je questionne d’un ton aigre :
— Comment avoir l’assurance que vous êtes bien celui que vous prétendez être ?
— Hmm... Vous avez raison.
Il sort une carte d’identité de la poche intérieure de sa veste.
Je la lui prends des mains, lis le nom inscrit dessus, puis regarde tour à tour la photo et son visage si harmonieux. Ayant vu des dizaines de photos de lui sur Internet, je savais à quoi m’attendre. Je pensais m’être préparée, pourtant je peine à reprendre ma respiration. Aucun homme ne devrait être aussi sexy, surtout pas un aristocrate. Cela s’apparente à de la tricherie. Et j’ai horreur des tricheurs.
Mon souffle reste bloqué dans ma gorge face à cet homme. Il est grand, bien bâti, il a des yeux couleur noisette qui brillent d’intelligence, les pommettes hautes, un nez droit, des lèvres ciselées et une mâchoire carrée. Son visage est encadré par d’épais cheveux ondulés couleur de miel. Il est tout bonnement sublime. Quel sex-appeal ! Un peu plus et j’en conclu- rais qu’il s’agit d’un robot androïde représentant le prototype du mâle parfait.
Furieuse de la façon dont mon corps réagit face à ce type, je lui rends sa carte d’identité.
— Qu’attendez-vous de moi ?
— Préférez-vous la version longue ou la courte ?
— La version courte, s’il vous plaît.
Il jette un coup d’œil à sa montre de luxe en marmonnant : « C’est tout aussi bien », puis croise mon regard.
— Je veux vous épouser.
La seule réponse qui me vient est :
— Hein ?
Puis je suis prise d’un fou rire qui libère toute la tension nerveuse accumulée depuis des jours. Puis je m’es- suie les yeux et retrouve une respiration normale. Mon rythme cardiaque se calme, et j’arrive enfin à l’observer sans en avoir le souffle coupé.
J’injecte tout le sarcasme dont je suis capable dans mes paroles :
— J’adore être prise pour le dindon de la farce, Môssieur le Marquis.
Il proteste, mais je lève la main pour le faire taire.
— Voyez-vous, repris-je, la moitié de la principauté fait la queue depuis des années pour avoir l’honneur de me ridiculiser. Vous n’aurez pas droit à un traitement de faveur. Prenez un ticket et allez attendre en bout de file.
Il jette un coup d’œil par-dessus son épaule, et je découvre une voiture garée quelques mètres derrière lui. C’est une grande berline d’un noir immaculé avec des vitres teintées et autres détails luxueux, que je perçois du coin de l’œil. L’ensemble signale, d’une manière remarquablement efficace, que nous avons devant nous un bolide de qualité.
La personne qui occupe la place du conducteur baisse la vitre.
— Monsieur, si je puis me permettre, vous feriez mieux de reformuler votre demande.
La fenêtre du siège arrière s’abaisse, elle aussi.
— Rudolph a raison, monsieur, lance une jeune femme à l’air énergique. Il ne faut pas commencer par le mariage. Proposez-lui d’abord le deal, et expliquez-lui en quoi elle en tirera profit.
Louis se tourne vers moi.
— Toutes mes excuses, mademoiselle. Je suis censé être un diplomate chevronné, pourtant j’ai tout gâché. Puis-je recommencer et tout vous expliquer ?
— Pourquoi pas ? dis-je en soupirant. Peut-être que ça me fera rire de nouveau.
J’ouvre la porte et désigne l’unique chaise, celle à laquelle il manque des lattes.
Il me remercie d’un signe de tête et s’assied.
— Comme c’est gentil de votre part !
Imaginer l’effet que le trou entre les lattes fera à son petit cul calme mes dernières palpitations. Je suis tirée d’affaire. Malgré sa beauté, s’il me demande à nouveau en mariage ou s’il me drague, je lui balance un coup de poêle sur la caboche.
Il remue, croise les jambes avec une grimace.
Oh, pauvre petit !
Quand les agents du duc m’ont avertie que je recevrais la visite de cet éminent personnage, j’aurais dû bricoler mon unique chaise. Franchement, je n’ai aucune excuse puisque dans la remise il y a tous les outils qu’il faut. Il suffisait d’aller les chercher pour pouvoir enlever une latte supplémentaire, ce qui aurait permis de pincer les couilles de Sa Seigneurie.